5 Juin 2021
Point d’orgue de la semaine du développement durable humain organisée par la municipalité, la webconférence de ce jeudi soir sur le renforcement de la Zone à Faibles Émissions de la Métropole de Lyon (Celle-ci est entré en vigueur en 2020 pour les véhicules utilitaires et sera étendu aux véhicules particuliers dès 2022 pour les véhicules Crit'Air 5 (et progressivement pour les véhicules Crit'Air 4, 3 et 2 d'ici 2026) a été l’occasion de préciser certains points, axes de travail et de répondre aux questions préalablement posées par certains internautes.
Pour rappel la ZFE concerne en 2021 la partie Nord de Vénissieux et pourrait être étendue par la suite. L'objectif de cette zone à faibles émissions demandée par l’Etat, est d'améliorer la qualité de l’air en réduisant la pollution liée au trafic routier.
Ce débat animé par Cécile Vigouroux responsable du service environnement de la ville a permis d’entendre les arguments de Michèle Picard, Maire de Vénissieux et Vice Présidente de la Métropole, Jean-Charles Kohlhaas, Vice Président de la Métropole en charge des Déplacements, intermodalités et de la logistique urbain, Pierre Alain Millet(PC) adjoint au développement durable de la ville , Nicolas Porte (Écologie) adjoint au commerce, Hamdiatou Ndiaye (LFI) adjoint à l’Etat civil .
Jean-Charles Kohlaas a précisé que la concertation sur le ZFE concernant le grand public aura lieu à partir du mois de juillet et s’étendra jusqu’au mois de janvier 2022.
Les enjeux de cette ZFE sont la qualité de l’air et la santé publique. La date butoir pour l’interdiction totale du diesel est fixée au 1 janvier 2026.
« Nous sommes au pied d’une immense montagne. D’où une concertation préalable pour définir les périmètres, les échéances , les mesures de transition et d’accompagnement » a-t-il précisé.
Celui a ajouté que les divers acteurs économiques seraient consultés, mais aussi le personnel de la Métropole et les communes et territoires voisins.
Le vice-président de la Métropole en charge des Déplacements, intermodalités et de la logistique urbain a expliqué que des dispositifs pour solutionner le retrait des véhicules individuels non autorisés sont à l’étude. « Comme c’est le cas avec des conseils en mobilité adapté aux différents publics mais aussi , des offres TCL avec le futur tram T10, les réseaux expresss vélos, itinéraires piétons , auto partage, covoiturage, infrastructures de recharges et l’aide à renouveler ou à transformer son véhicule (rétrofit) sous conditions de ressources. Un autre point est à l’étude, il concerne le transport de marchandise avec des services de logistique mutualisés et décarbonnés »
Suite à une question d’un des participants : Pourquoi le diesel et pas les véhicules à essence ? Jean-Charles Kohlaas a precisé que si les moteurs diesel émettent moins de particules fines qu’auparavant, le diesel n’est efficace que sur des trajets urbains supérieurs à 15km. « Le diesel est polluant à froid. 95% de l’oxyde d’azote présent dans l’atmosphère est produit par ce type de véhicule »
Pierre-Alain Millet a rencherit en expliquant qu’il s’était abstenu lors du vote de cette ZFE même s’il juge que celle-ci est un enjeu citoyen et sanitaire « Il ne s’agit pas d’opposer les pollutions, chauffage, industries, particuliers. On peut agir sur toutes les sources de pollution. Opposer les pollutions est un piège. Quelquesoit le véhicule de demain, ce qui m’importe est la qualité de l’air que nous respirons »
L’élu vénissian a cité l’exemple de l’entreprise locale Carbone-Savoie qui a réduit ses émissions par 10 avant d’ajouter que le problème des poids lourds est une véritable catastrophe et de vilipender la politique de l’Etat qui depuis de décennies s’est désinvestit totalement du fret ferroviaire. Propos appuyés également par Jean-Charles Kohlaas
Autre question, le nombre de véhicules particuliers qui sont concernés à Vénissieux par une future interdiction .
Jean-Charles Kohlaas a détaillé qu’à Vénissieux il y a 30 000 véhicules particuliers dont un millier sont concernés par la mise en place de la ZFE. Le taux de renouvellement des véhicules est de 6 à 7% par an. 4000 autres véhicules ont des vignettes Crit’Air 4, 8000 sont Crit’Air 3 et environ 10 000 sont Crit’Air 2.
« Les dérogations existeront pour les professionnels ne pouvant changer de véhicules car n’existant pas sur le marché » a-t-il ajouté
Un internaute a posé la question du contrôle et de la verbalisation. Vaste sujet pour les intervenants car pour Jean-Charles Kohlaas, l’Etat est très défaillant notamment en moyens humains. La police nationale et municipale ont le droit de verbaliser mais depuis l’instauration de la ZFE sur Lyon et Villeurbanne, seule une centaine d’amendes ont étré dressées. « L’État pousse pour la vidéo-verbalisation. On attend pour fin 2023 le contrôle sanction automatique avec lecture de plaques signalétiques »
Quant à une question concernant le financement d’un véhicule de remplacement , Jean-Charles Kohlaas a précisé que l’objectif de la Métropole est d’aider à l’achat de véhicules fussent-ils à essence Crit’Air 1 par des subventions et micro-crédits accordés aux personnes à faibles ressources. « La grande difficulté, ce seront surtout les voitures familiales, même si elles sont essence, elles sont au maximum Crit’Air 2. Il faut trouver des solutions, comme des parcs communaux de location pour les utiliser quand c’est nécessaire. » a-t-il précisé.
Michèle Picard a insisté sur l’importante inquiétude des habitants locaux concernant le remplacement de leurs véhicules personnels.
Pour la Maire de Vénissieux, les réponses de la Métropole doivent être multiples. Avec notamment le dévéloppement des transports public (T4, T6, T10) et l’augmentation des fréquences de ceux-ci, mais aussi le développement du réseau express vélo et des stations Vélov sur tout le territoire vénissian.
« L’objectif n’est pas de changer les 400 000 véhicules. Pour les élus communistes, ce qui est important est de réduire la part modale du véhicule. Celle-ci était de 45% en 2015 et prévue à 35% en 2030. C’est une aberration d’utiliser son véhicule personnel pour des déplacements urbains. On ne veut pas d’un boulevard urbain Laurent-Bonnevay à 200 000 véhicules par jour mais plutôt à 80 000. Depuis deux ans, le renforcement de la partie vélo existe. Il faudrait un développement de la mobilité à la demande » a souligné Pierre Alain-Millet
« Le plan de déplacement urbain est indigeste . Nous voulons réduire de 50% la part du véhicule d’ici 10 ans. Je suis en phase avec Pierre-Alain concernant le boulevard urbain . Nous voulons une voirie apaisé à l’exemple de ce qui est fait sur l’A7 en sortie de Lyon. C’est un objectif pour les futurs mandats » lui a répondu Jean-Charles Kohlaas
Hamdiatou Ndiaye (LFI) a mis en exergue l’inquiétude manifeste des habitants de la commune concernant le renouvellement du parc automobile : « L’enjeu est économique mais surtout social. Nous ne voulons pas de ZFE punitive. Nous serons vigilants sur cet aspect. Le ZFE doit être un vecteur d’amélioration du cadre de vie et de la qualité de l’air » a-t-il expliqué
L’écologiste Nicolas Porret a expliqué que la ville compte 20 000 actifs. 30% travaillent sur la commune, 30% à Lyon, 30% dans la Métropole. « Il faut adapter les mesures en corrélation avec les les lieux de travail. Notre priorité avec cette ZFE est de protéger nos anciens et nos jeunes contre la pollution »
Le contrôle et les sanctions interroge Pierre-Alain Millet : « Notre ambition est que le système de contrôle ne sanctionne personne puisque les mesures d’accompagnement et que l’on aura pris seront les bonnes décisions.»
Michèle Picard a conclu ce débat en expliquant que l’intention de la ZFE est certes louable : « Mais elle sera réussi si elle est partagée par l’ensemble des habitants. Des moyens nécessaires autant pour les particuliers que les entreprises doivent être décidés. Le travail d’acceptation de la ZFE passe par un travail sur la circulation des poids lourds, sur le T10, l’accroissement des stations Vélov et des connexions avec les villes proches »