24 Novembre 2020
La Métropole de Lyon entend renforcer la zone à faibles émissions mise en place depuis le mois de janvier 2020.
Depuis cette date, l’accès à celle-ci est permis aux véhicules munis de vignettes Crit'Air 3, 2, 1 ou 0.
Dès le 1er janvier 2021, une nouvelle restriction entrera en vigueur avec l'interdiction des véhicules avec une vignette Crit'Air 3.
Bruno Bernard le nouveau président écologiste de la Métropole a défini lors du dernier comité de pilotage de la ZFE, son évolution.
Bruno Bernard compte élargir cette ZFE à de nouvelles communes situées à l'intérieur du boulevard Périphérique Laurent Bonnevay, donc Vénissieux.
Cette mesure n’est pas le seul de ses souhaits puisque pour le président de la Métropole de Lyon, il faut bannir le diesel hors de l’agglomération : « Seuls les véhicules disposant des vignettes Crit’Air 0 et 1 seront autorisés dans le périmètre de la ZFE d’ici la fin du mandat en 2026 »
Si le débat est lancé, les différents groupes composant sa majorité actuelle et notamment ceux où l’on trouve des élus vénissians, sont montés au créneau, trouvant la seconde mesure « punitive ».
Dans un communiqué de presse publié le vendredi 20 novembre, le groupe communiste et républicain de la Métropole, qui compte dans ses rangs trois élus vénissians (Michèle Picard, Pierre-Alain Millet et Marie-Christine Burricand), se positionne pour une « ZFE pédagogique et non punitive ».
Ceux-ci expliquent qu’avant toute prise de décision, le bilan du dispositif mis en place en janvier 2019 et la réalisation de plusieurs études d’impact sur une ZFE renforcée doivent être menés à terme. Le groupe communiste et républicain souhaite connaître combien d’habitants seraient « interdits » de circuler. « Cette dimension sociale relève d’une ségrégation qui n’est pas acceptable pour nous », précise le communiqué.
Ce groupe se déclare favorable à « faire évoluer la ZFE vers une politique d’accompagnement aux transformations des mobilités urbaines ». Ils plaident en particulier pour l’élaboration d’un nouveau Plan de déplacements urbains (PDU) qui fixe l’objectif d’une part modale des transports en commun dépassant 30 %, « ce qui suppose un programme massif d’investissements en RER, métro, trams, bus ».
Pour l’autre groupe composant la majorité en place, la Métropole insoumise, résiliente et solidaire (Mirs), où siège le Vénissian Idir Boumertit, celui-ci s’interroge sur la pertinence de pénaliser les ménages les plus modestes par l’interdiction des véhicules particuliers Crit’Air 2 et 3 d’ici la fin du mandat. « L’extension de la ZFE ne doit en aucun cas se transformer en un nouveau péage urbain » expliquent-ils.
Le groupe proposes des solutions « plus positives » comme l’alternance des jours pairs/impairs en lien avec les plaques d’immatriculation, l’interdiction des SUV, la densification des parkings relais gratuits en périphérie, ou encore la gratuité des transports en commun les jours de pollution.
Pour deux autres groupes présentscette fois-ci au sein du conseil municipal de Vénissieux, les mesures qu’entend appliquer la Métropole de Vénissieux, si elles partent d’une bonne intention, vont profondément impacter la majorité des vénissianes et vénisianes.
« Ensemble pour Vénissieux », groupe gauche progressiste, élu(e)s socialistes et écologistes a écrit une lettre à Michele Picard, maire de Vénissieux, mais également vice-présidente de la Métropole de Lyon.
Ce groupe explique dans celle-ci que ces deux mesures ne tiennent pas compte des particularités et de la sociologie de la commune : « À Vénissieux, le taux de pauvreté est de 31%, à Lyon de 15% ; A Vénissieux, la part des ménages fiscaux non imposables est de 37%, alors qu’à Lyon, 60% des ménages sont imposables »
« Nous, Vénissieux » explique sur sa page Facebook que ces décisions sont « plutôt une bonne nouvelle pour nos poumons, puisque Vénissieux détient le record de mortalité par broncho-pneumopathies obstructives de toute la métropole avec 19 décès pour 100 000 habitants. Mais cela va aussi avoir des conséquences pour les propriétaires de vieux véhicules (Crit’air 3 et supérieur) qui ne seront plus autorisés à circuler dans la commune. En 2018, Michèle Picard avait conditionné son avis favorable à la ZFE à la réalisation d ‘une étude d’impact et de dérogations pour les véhicules de la mairie. A-t-elle obtenu satisfaction… ou a-t-elle mangé son chapeau en acceptant une décision de son président écolo ? »
Au-delà de toutes ses prises de positions, pour accompagner cette transition, la collectivité promet des mesures d'accompagnement. La Métropole envisage en particulier d’importants investissements dans les alternatives à la voiture (modes actifs, transports en commun, autopartage et covoiturage). Un dispositif de soutien à l’acquisition ou à l’usage de véhicules à faibles émissions doit également voir le jour.
« Notre objectif est qu’à terme le parc automobile soit à la fois réduit et dépollué », explique dans le communiqué le président de la Métropole Bruno Bernard, alors que les modalités complètes du futur dispositif doit-être présenté dans les prochaines semaines.
Ce renforcement de la ZFE devra être ensuite entériné lors d'une délibération présentée aux élus lors du conseil de la Métropole en mars 2021.
Que l’on veuille ou non, ces mesures sont des manières de pousser les habitants à renouveler le parc automobile pour le rendre conforme aux normes environnementales en vigueur. Cependant comme l’affirme les quatre groupes qui se sont exprimés précédemment, beaucoup de ménages locaux ne pourront pas s’aligner sur ce rythme. Si l’on ajoute que les transports publics ne sont pas adaptés à un tel accroissement de nouveaux utilisateurs et que la mobilité douce a des limites, la problématique reste à résoudre.
Il ne faut pas oublier non plus que parmi les grands pollueurs se trouve l’industrie. Celle-ci n’est pas évoquée dans la ZFE, or sur la vaste zone concernée, celle-ci est omniprésente.
De ce fait on pointe du doigt toutes les aberrations en termes de politiques publiques. Si le secteur industriel est contraint à émettre moins de gaz à effet de serre (GES) car il y a le principe de compensation carbone qui joue beaucoup dans cette incitation, il n’est pas moins vrai que beaucoup de questions restent en suspens notamment en termes de contrôle de ces émissions industrielles.
« Si l’on admet la nécessité d’instruire des politiques au nom d’une éthique sociale et d’une éthique environnementale, rien n’autorise à penser que ces deux dimensions sont « naturellement » articulées l’une à l’autre » expliquent Boris Lebeau et Marie Redon, deux géographes dans le Dictionnaire critique de l’anthropocène édité par le CNRS.
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