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Actu-Vénissieux / Sports Vénissians

Actu-Vénissieux / Sports Vénissians

Toute l'actualité de la vie sociale, économique, politique, sportive et culturelle de Vénissieux

Le Tartuffe version texane

On ne tire pas sur l’ambulance Tour de France dont le vainqueur s’appelle dopage depuis plus de 10 ans.
Cette dernière semaine, tout le monde a pu se rendre compte de l’inutilité de ce grand cirque où ce sont des entreprises privées qui privent la course du seul intérêt qui restait c’est-à-dire la course elle-même.
En quinze jours de course, pas un seul cas de dopage, faut-il s'en réjouir comme l'a fait la Ministre des Sports, j'en doute quand on voit Pierre Bodry (le président de l'Agence Française de Lutte contre le Dopage) ) tirer à boulet rouge direction l'équipe Astana. Il n'y a pas de course non plus, où plutôt un simulacre d’épreuve sportive.
L’intérêt des images achetées chèrement par le service public de TV, se résumant aux seules descriptions des monuments historiques qui se situent sur le parcours.
Après le scandale des oreillettes, un autre se prépare en sourdine avec la victoire finale souhaitée par de nombreuses personnes du sulfureux Lance Armstrong qui a 38 ans, essaye de faire croire que cette course lui appartient au propre comme au figuré.
Le Texan, je ne l’ai jamais aimé. Son opposition de style avec son coéquipier de seringue Alberto Contador 23 ans n’est que l’illustration de ce que a été toute sa carrière.
Il suffit d’écouter son ancien coéquipier Christian Valdelvede à l’US Postal pour comprendre le personnage. « Comme le jour où les coureurs de l’US postal durent grimper une brève côte, mais particulièrement abrupte afin que m’on mesure leurs niveaux d’acide lactique. Dans les précédents, Armstrong avait présenté le meilleur taux d’acide lactique - c’est-à-dire le plus bas- et l’équipe accepta l’idée qu’il était le leader de la formation. Mais ce jour-là, ce fut un autre coureur qui réalisa le meilleur « taux ». Or le patron de la formation corrigea les chiffres et déclara à tout le monde que c’était encore Lance Armstrong qui présentait le meilleur résultat. »

Ce mercredi 8 juillet, le Tour passe à quelques mètres de mon lieu de résidence estivale. Armstrong amuse la galerie avec son maillot Livestrong. Il paraîtrait même qu’il finira gouverneur au Texas, du moins c’est-ce qu’il dit et ce que la presse française goguenarde transmet. Monsieur l’archi-dopé parade, fait le beau, le charmeur. Moi à moins d’un kilomètre de la scène, cela ne me fait ni chaud, ni froid. Il est vrai que les turpitudes des uns et des autres depuis l’affaire Festina en 1998 m’ont éloigné définitivement de ce grand sport Comme lors des années de la domination d‘Armstrong , je ne serais pas présent sur le bord de la route. Je boycotte son passage, comme je boycotterais les compte-rendu des médias qui en feront font l’apologie Ce Tour 2009 est dénaturé justement par le retour de Lance Armstrong. Un sportif affable mais tartuffe, menteur, hâbleur, provocateur loin, mais très loin de l’éthique sportive à laquelle j‘adhère.

Je me rappelle, il y a quelques années de son passage près de Bedoin sur les pentes du Mont-Ventoux, l’année ou Virenque s’imposa là-haut. Il n’avait pas l’air humain sur son vélo à près de 38km/h de moyenne sur l‘une des rampes ou même ma voiture avait eu du mal à la gravir.
Ce mec transpire la dope. C’est l’un des sportifs qui m’a le plus rendu sceptique sur l’exploit sportif. Son retour sur les routes de France est effrayant. Je n’ai pas l’ombre d’un doute, il s’imposera sous l’œil bienveillant de l’UCI (l’Union Cycliste Internationale)qui le protège depuis son retour de cancer. L’Américain est en train de tuer le cyclisme tout court. Il suffira de faire les comptes à la fin juillet pour connaître la désaffection du public envers l‘épreuve. Heureusement tout le monde n‘est pas dupe. .Et ce n’est pas les louanges tressées par des médias à sa solde qui fera changer la donne. Si Lance est un survivant du cancer avec lequel il se drape désormais , c’est aussi, un gars qui en matière de doping a toujours eu un coup d’avance. Devinez pourquoi, lors de sa domination dans les années 2000, il s’installa avec femme et enfants compris du côté de Gérone ( Je ne serais pas étonné que sa performance aille crescendo cette saison après l‘étape Perpignan-Barcelone, les sources d‘approvisionnement en produits illicites étant toutes proches). Devinez ce qu’il y a dans les flacons d’urine consignés au Laboratoire de Chatenay, si ce n’est de l’EPO avec laquelle, il gagna son premier tour comme les suivants. Lance Armstrong est enfermé dans son mensonge, il ne peut plus en sortir. Il est comme Richard Nixon avec le Watergate ou Georges Bush avec l‘Irak . Il ne peut plus faire machine arrière
Pour mieux comprendre le mal que ce manipulateur fait au cyclisme en cet été 2009, lisez ci-après ce que dit de lui Paul Kimmage chroniqueur anglais, auteur du livre Rough ride et journaliste au Sunday Times qui s’exprime sur son sujet dans le « Sale tour » de Pierre Ballester et Paul Walsh aux éditions du Seuil

« Ma réaction au retour d’Armstrong ? dit Kimmage. C’est très simple: en quelques heures, tout l’enthousiasme que j’avais peu à peu reconstruit autour de ce sport au cours des dernières années s’est totalement écroulé. Tout est balayé tous mes espoirs réduits à néant. Lance Armstrong veut nous faire croire que s’il revient, c’est pour sauver l’humanité toute entière du cancer. Tout ça c’est des conneries. Ce n’est ni plus ni moins qu’une vengeance personnelle. C’est une question d’égo. Le seul truc qui intéresse Lance Armstrong, c’est lance Armstrong. Je pense qu’il cherche a réécrire sa sortie de ce sport. Il ne peut plus supporter l’idée que, aujourd’hui, des coureurs propres sont sur le point d’effacer sa légende et de le renvoyer directement au fond des toilettes de l’histoire avec toute la merde qu’il a fait endurer à ce sport. Ce type avec sa manie d’intimider les gens, son agressivité, le tout drapé dans son bel habit de martyr du cancer, c’est ça qu’il essaie constamment de dissimuler…Le héros qui a vaincu ? Eh bien c’est lui le cancer de ce sport . Pendant deux ans, le cyclisme a connu une rémission. Et maintenant, le cancer est de retour. »

« J’ai une question pour Lance Armstrong. C’est une question que je cherche à lui poser depuis près de quatre ans maintenant, depuis son (faux) discours d’adieu sur les Champs Elysées en juillet 2005, après son septième sacre sur l’épreuve reine du cyclisme mondial. Vous vous souvenez peut-être pas qu’un autre coureur dopé, Jan Ulrich , se tenait alors sur la deuxième marche du podium et qu’un autre Ivan Basso, occupait la troisième. Et vous ne vous rappelez pas probablement pas , non plus de la teneur de son discours d’adieu : « Je suis sur un podium de rêve , lança-t-il à l’adresse de ses fans. Jan est vraiment quelqu’un de spécial, un concurrent à part. Ivan…Ivan, toi tu est franchement pas un cadeau non plus, comme concurrent. Tu es un véritable ami et tu incarnes sans doute la relève, l’avenir de cette course dans les prochaines années. » Puis il ajouta : «  Quant à ceux qui ne croient pas au cyclisme, les cyniques, les sceptiques : vous me faîtes pitié. C’est vraiment triste que vous soyez incapable de rêver, incapables de croire aux miracles. Cette course, c’est vraiment une course folle, extraordinaire. C’est un événement sportif unique en son genre et vous devriez croire en ces athlètes, vous devriez croire en ces gens là. »

Ces gens là, c’était aussi Francisco Mancebo, quatrième du Tour cette année là avant d’être confondu pour dopage. C’était encore Alexandre Vinokourov, cinquième, évincé du Tour 2007 pour recours aux transfusions sanguines. Sans oublier Michael Rasmussen, le roi de des montagnes, qui allait bientôt les rejoindre au sein de la communauté de la seringue. Je me souviens avoir secoué la tête, ébahi, tandis que je relisais le compte rendu de son discours.

Qu’est-ce qu’il admire tant chez tous ces coureurs dopés ?
Un jeudi après-midi à Sacramento . J’ai levé la main lors d’une conférence de presse et posé une question. Armstrong n’a pas eu l’air d’apprécier. Il rappelle au public - composé majoritairement de ses fans - les propos que j’ai tenu à l’automne dernier à la radio, après l’annonce de son retour. «  Lorsque j’ai décidé de revenir pour une raison que je trouve très noble, vous avez déclaré : «  Hé les gars , on était en rémission pendant quatre ans mais maintenant le cancer -c’est-à-dire moi - est de retour. » Eh bien je suis là pour combattre cette maladie. Je suis là pour qu’aucun de nous n’y soit jamais confronté, pour que mes enfants n’y soient jamais confrontés et pourtant vous vous obstinez à dire que c’est moi le cancer. »

Une femme assise à côté de moi est horrifiée. Je demande au modérateur le micro afin de pouvoir répondre, mais il n’accède pas à ma demande. Armstrong n’a pas terminé; «  Vous ne valez même pas le prix de la chaise sur laquelle vous êtes assis pour oser tenir des propos pareils, assène-t-il. Parler ainsi d’une maladie qui touche l’ensemble de la population mondiale. »
Et peut-être qu’il a bien raison. Peut-être que l’analogie avec le cancer était déplacée. Mais cela fait des heures que je ressasse toute l’histoire… 1999, sa première victoire sur dans le Tour …sa collaboration avec Michele Ferrari…les confessions de ses anciens coéquipiers…les six échantillons d’urine contenant de l’EPO, qui dorment dans le congélateur d’un laboratoire parisien et qu’Armstrong ne veut en aucun cas voir testés à nouveau… Alors je ne sais plus. Et puis il y a son agressivité permanente. Quand je pense à Armstrong et à l’empreinte qu’il laissera sur le cyclisme, la première chose qui me vient à l’esprit, c’est cette agressivité.
Juin 1999, dernière étape du Critérium du Dauphiné Libéré. Au terme d’une semaine de course, le peloton se rapproche d’Aix-les-Bains. Christophe Bassons, un Français de 25 ans, tente une échappée. C’est un talent brut qui n’a jamais pleinement développé son potentiel. Son nom est aussi très connu dans le milieu car il fut l’un des rares membres de la triste célèbre formation Festina à ne pas avoir sombré dans le dopage.
Mais tout le monde n’est pas de son côté. Tandis que Bassons fonce en direction d’Aix-les-Bains, Armstrong ordonne à l’un des de ses lieutenants au sein de l’US Postal de contre-attaquer. «  Lance voulait que nous nous lancions à sa poursuite. » se souvient Jonathan Vaughters. « Il ne voulait surtout pas que Bassons remporte l’étape. L ne l’aimait pas, je crois. J’étais contre l’idée de se lancer à sa poursuite car nous n’avions pas le maillot jaune et ce n’était pas à nous de le faire. » Armstrong finit par jeter l’éponge. Bassons remporte l’étape et, un mois plus tard, il effectue ses grands débuts sur le tour de France. Une année s’est écoulée depuis le scandale Festina de 1998, et l’on présente cette course comme « le tour du renouveau ». Pourtant aucun test ne permet de déceler l ‘EPO ou les hormones de croissance, et très vite, Bassons sent que rien n’a changé. «  Nous roulons à une vitesse moyenne de cinquante kilomètres heure, souligne-t-il dans les colonnes du Parisien, comme si les routes de France n’étaient que qu’une descente géante. »

Mais tout le monde n’est pas de cet avis.

A la dixième étape, entre Sestrières et l’Alpe d’Huez, Bassons attaque peu de temps àprès le départ et est aussitôt pris en chasse par l’US Postal. Tandis que le peloton le rattrape et l’engloutit à nouveau, il sent la main de la nouvelle icône du cyclisme se poser sur lui.

- Qu’est-ce que tu fabrique? Lui demande Armstrong

- Ben, j’attaque, je fais la course, réponds Bassons.

- Tu sais très bien de quoi je parle : ce que tu racontes aux journalistes, c’est pas bon pour le cyclisme.

- Je dis ce que je pense, c’est tout, réplique Bassons. J’ai dit qu’il y avait toujours du dopage, et je le maintiens.
- Si c’est pour ça que t’es là, il vaudrait peut-être mieux que tu rentres chez toi et que tu trouves un autre métier.

- Si j’ai des choses à dire, je les dirai, insiste Bassons.

- Ah, va te faire foutre.

La pression devint rapidement insupportable pour Bassons; les organisateurs lui tombaient dessus, ses coéquipiers de la Française des Jeux l’évitaient, et Armstrong le maudissait. Il abandonna deux jours plus tard avant l’étape de Saint-Flour. Victime de l’omerta. Il ne vit jamais la banderole déroulée près de l’arrivée ce jour-là : « Pour un Tour propre, il vous faut Bassons. » Et le Tour ne le revit plus jamais.
Juin 1999. Jonathan Vaughters se tient au sommet du mont Ventoux. Il porte le maillot de leader du Critérium du Dauphiné Libéré. Il vient d’établir yun nouveau record dans l’ascension du col en livrant la plus belle performance de sa vie de cycliste et, pourtant, il semble étrangement calme sur le podium. «  Je n’étais pas pleinement comblé par cette victoire expliqua-t-il par la suite. C’était intéressant. Cela répondait à de nombreuses interrogations que j’avais pu avoir. Mais c’était loin d’être le moment le plus heureux de ma vie - tés loin, même. »
Sa magnifique victoire performance revenait à ine victoire de la chimie.

Un mois plus tard, il se rend à Nantes pour faire ses débuts sur le tour de France, mais s’effondre dès la deuxième étape. Il ne supporte pas l’encadrement, ni même la course. Le poids de la culpabilité du mont Ventoux pèse sur lui et il se promet qu’on ne l’y reprendra plus. Il quitte l’US Postal et rejoint le Crédit agricole. La formation française lui redonne immédiatement le sourire. Il est enfin chez lui.

En 2000, il remporte une étape du Dauphiné Libéré mais s’effondre à nouveau sur le Tour, dans les étapes de montagne. Un an plus tard, il s’accroche dans les Alpes, puis dans les Pyrénées, et est désormais certain d’arriver jusqu’à Paris lorsque, lors du jour de repos à Pau, une guêpe le pique, faisant enfler son œil comme une balle de golf. Il aurait besoin d’une piqûre de cortisone mais ce traitement est interdit. Impossible d’être exempté pour une simple allergie et hors de question pour son équipe d’outrepasser les règles.
Pour la troisième année de suite, Vaughters ne bouclera pas son Tour. Révolté, il décide d’exposer au grand jour l’injustice flagrante qui règne autour de la question du dopage en abandonnant la course juste après le départ de Pau. Tandis qu’il se faufile entre les coureurs pour prendre le départ, traversant le peloton avec son visage tuméfié, il croise quelqu’un qu’il décrira comme « un coureur très célèbre ». Ses pairs, dans leur grande majorité, l’accueillent avec empathie, mais le « coureur très célèbre » le traite avec mépris: «  Tiens, revoilà monsieur Jonathan et sa petite équipe débile, crache-t-il. Regarde-toi un peu, tu ressembles à rien. Si tu étais dans mon équipe, on se serait occupé de toi. Mais là, tu vas devoir abandonner le Tour de France à cause d’une piqure de guêpe. »

Vaughters est écœuré. C’est le moment charnière de sa carrière de cycliste. «  Je me suis dit: «  Putain, voilà où j’en suis: dans une équipe qui joue selon les règles, face à ce gars qui se moque de nous », se souvient-il. Quelque chose s’est brisé en moi ce jour-là. Quelque chose qui m’a rendu triste, désespérément triste. »

Tout ça, je ne l’ai pas lu sur Twitter

Février 2009 en Californie. Deux minutes se sont écoulées depuis qu’il a commencé à amuser la galerie en me faisant la leçon sur deux copains, les sans-scrupule Basso et Landis.

«  Floyd ne pense pas qu’il est coupable, alors pour calmer les gens comme vous, et d’autres, il ne peut pas avouer quoi que ce soit. Il n’estime pas avoir outrepassé les règles, ou s’être rendu coupable de quoi que ce soit. On ne peut pas faire des aveux juste pour que les gens vous laissent tranquille. C’est comme Ivan, que j’admire aussi beaucoup. Et il ne s’agit pas d’admirer des dopés ou des non-dopés: j’admire ces gens pour ce qu’ils sont, en tant que personnes, en tant qu’hommes. Est-ce nous autres, nous tous, commettons parfois des erreurs ? Oui sans aucun doute. Et, en tant que société, avons-nous pour devoir de pardonner, , d’oublier et de permettre à tous de revenir à leur travail? Oui sans aucun doute. »

J’ai une question pour Lance Armstrong. Où était votre belle compassion quand Jonathan Vaughters quittait le Tour ?

Quand Christophe Bassons était contraint d’abandonner?

Quel pardon avez-vous accordé à Frankie Andreu et Filippo Simeoni ? J’ai une question pour Lance Armstrong : Pourquoi méprisez-vous à ce point ceux qui s’efforcent de jouer selon les règles ?»


 

 

 

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Greg 20/01/2010 13:32


Excellent article, je n'avais jamais eu l'occasion de le lire.
2010 sera peut être l'année de trop pour lui, j'espère vraiment qu'il se fera pincer ...