20 Avril 2020
«… En pratiquant un sport, la personne handicapée peut oublier sa différence puisqu'elle se retrouve actrice et non plus assistée. Ses capacités sportives peuvent même l'aider à être acceptée par le groupe. Le regard des autres sur le handicap change alors à mesure que le sportif handicapé prend confiance en lui» lit-on sur le site de Handicap International.
Dans ce paragraphe on trouve en résumé, la vie que le Vénissian Majid Nekoul a eue après son accident de moto en 2011. Un malheur qui lui a valu d’être amputé de la jambe droite.
Pour se reconstruire cet agent municipal fait de l’athlétisme puis du karaté : « Mes enfants en faisaient. C’était mon sport de base que j’ai appris à l’âge de 14 ans »
C’est pour ses enfants que Majid se met à pratiquer une discipline qui pour beaucoup ne colle pas à l’image de l’handicapé.
Il était ce 1er décembre 2011, jour de notre rencontre, ceinture noire 2e dan et professeur au Sen No Sen Karaté Vénissieux.
« Au début J’ai fait un essai, puis la passion aidant, les automatismes sont vite revenus. J’étais comme avant mon accident. Djamel Bezriche m’a proposé de faire des compétitions. J’ai cru à une plaisanterie. Puis de Charybde et Scylla, je me suis retrouvé en compétition internationale »
Pour lui la consécration a eu lieu à l’Open Européen d'handi-karaté qui s’est déroulé en Espagne à Saint–Sébastien au début de l’automne.
Il y obtient la médaille d’argent de sa catégorie de karatéka appareillé en kata technique.
« J’avais les boules car j’ai perdu la médaille d’or face à un Allemand pour un petit dixième de point. Ma seule consolation outre la médaille c’est de m’être qualifié pour le prochain Open européen qui aura lieu au mois de mars à Rome. J’espère y prendre ma revanche »
À la question de savoir ce qui pousse un handicapé à se dépasser de la sorte, Majid évoque l’esprit de se prouver que le handicap ne rime pas avec le mot fin.
« Pour moi l’esprit domine le corps. Ajoutez une dose de motivation et on peut renverser des montagnes. Je ne pense plus à mon handicap »
Avant d’ajouter : « Une compétition d'handi-karaté c’est très convivial, l’ambiance solidaire est exceptionnelle. Après avoir vécu cela la première fois, j’ai relativisé. D’ailleurs j’encourage valides et non valides à se déplacer dans ces compétitions, ils verront que la vie ne s’arrête pas après un accident de la vie »
D’ailleurs à 50 ans, le Vénissian ne compte pas s’arrêter en chemin, son rêve : faire partie de l’équipe de France.
Dans toute société, on retrouve des personnes handicapées… mais, ce ne sont pas toujours celles qu'on pense…
Majid Nekoul a obtenu en 2017 son 3e dan, il est titulaire du CQP et toujours enseignant au Sen No Sen Karaté Vénissieux.