2 Avril 2021
Depuis 1946, les Petits Frères des Pauvres luttent contre l’isolement et la solitude des personnes âgées, prioritairement les plus démunies. Par leurs actions, ils recréent des liens permettant à ces personnes de reprendre goût à la vie et faire partie du monde qui les entoure.
Ce 30 mars, cette association a révélé les enseignements de leur nouveau rapport « Isolement des personnes âgées : les impacts de la crise sanitaire.
Réalisé en collaboration avec le Cercle Vulnérabilités et Société, sur la base d’une étude qualitative auprès de 100 personnes âgées, de professionnels, d’aidants et de bénévoles, ce rapport révèle l’impact déterminant des conditions de vie, des vulnérabilités et de la fragilité des liens sociaux sur le vécu de la crise. C’est l’occasion pour l’Association d’alerter sur la nécessité de changer les regards sur la vieillesse, de se mobiliser contre les risques de clivages inter mais aussi intragénérationnels, et de faire du maintien du lien social une priorité.
En juin 2020, face à une crise sanitaire et sociale sans précédent, les Petits Frères des Pauvres avaient consacré leur 4ème rapport aux effets du premier confinement sur les personnes âgées. Ce nouveau rapport présente des données complètes sur le vécu par les aînés durant ces derniers mois. Comme le précise Alain Villez, président des Petits Frères des Pauvres, « ce nouveau rapport, travaillé avec le Cercle Vulnérabilités et Société, vient enrichir la compréhension du vécu des personnes âgées, leurs difficultés, leurs souffrances et les inégalités exacerbées par la crise sanitaire. Le lien social est un lien vital. Son manque, à 20 comme à 70 ou 90 ans, est douloureux. Il est temps désormais de trouver la voie de l’apaisement et de bâtir ensemble la société de demain en mettant le maintien du lien social au cœur de nos préoccupations communes. »
Ce rapport dresse dix enseignements :
Loin d’être une parenthèse, la crise aura des répercussions notables à court, moyen et long-terme.
Les facteurs socio-économiques et les modes d’habitat ont fortement influencé le vécu de la crise.
Une vision très négative de la vieillesse.
La santé psychique peu prise en compte dans le parcours de soin.
Conditions de vie, maintien du lien social et vulnérabilités ont un impact fort sur l’émergence d’une fracture intragénérationnelle articulée autour de 4 grandes familles : les fragilisés, les résignés, les résilients, les engagés.
La crise crée un risque de fracture intergénérationnelle.
Si les solidarités citoyennes ont été manifestes pendant le premier confinement, leur pérennité n’est pas acquise et doit être soutenue.
La socialisation est essentielle dans le quotidien des personnes âgées.
Le lien à distance ne peut pas remplacer le lien social dans la vie réelle.
Un lien social déterminé par la fréquence des contacts.
Cette étude fait apparaître 4 classes distinctes : les fragilisés, les résignés, les résilients, les engagés.
Pour Thierry Calvat, sociologue et co-fondateur du Cercle Vulnérabilités et Société,
« l’émergence de ces 4 familles, révélées à l’occasion de la crise sanitaire, nous invite à regarder différemment une population âgée qui est souvent appréhendée comme un ensemble monolithique. L’hétérogénéité, pour ne pas dire la singularité des réactions de chacune de ces familles face aux contraintes imposées doit conduire à des politiques ajustées en fonction de situations spécifiques et non uniquement de besoins. »
Le rapport préconise :
D’agir contre les risques de fracture entre générations passe par un changement de regard sur la vieillesse.
De répondre aux enjeux de la longévité rend une politique nationale de prévention et de compensation de la perte d’autonomie incontournable.
De mettre en place une politique durable de soutien au maintien à domicile
D’améliorer l’offre d’habitat pour personnes âgées en développant l’habitat alternatif et en priorisant l’approche domiciliaire dans les EHPAD.
De soutenir et valoriser l’engagement citoyen et les initiatives intergénérationnelles.
De favoriser une meilleure communication des actions publiques concernant les personnes âgées (cinquième risque, loi Grand Age et autonomie), à l’échelle des CCAS et dans les établissements.
D’intégrer les solutions « à distance » comme un instrument et non comme une fin, dans une logique de réponse globale au maintien du lien social.
D’intégrer la santé psychique et mentale dans les consultations des médecins généralistes.
De construire une vraie politique de réponse à une crise sanitaire.
Enfin de considérer le maintien et la construction du lien social comme une mission essentielle des acteurs publics sur les territoires.
Les Petits Frères des Pauvres vont poursuivre leur analyse et publieront fin septembre 2021 leur second baromètre « Solitude et isolement, quand on a plus de 60 ans en France » afin de déterminer si la crise a engendré une augmentation des situations de « mort sociale ».