16 Mars 2019
Le 22 août 2007, j’avais rencontré le brondillant Hamida Khelifi. Tous les jours assis sur son banc dans le parc de Parilly, il communiquait avec ses amis les pigeons.
Ce parc haut lieu des sportifs est aussi un rendez-vous privilégié des promeneurs et bien apprécié par les familles. Les 178 hectares qui se situent sur les communes de Bron et Vénissieux sont autant des lieux de rencontres et recèlent des personnages picaresques.
Hamada Khelifi 64 ans était de ceux-là.
Ce retraité tunisien était un habitué des lieux. Près du monument aux victimes des guerres Nord-africaines, Hamada occupait toujours le même banc pour peu que la pluie cesse. Sa passion outre le football qu’il regardait à la télé, était de donner à manger aux pigeons. Tous les jours à partir de 12h 30, il rejoignait les lieux et automatiquement les oiseaux rappliquaient. Connu des gardes forestiers, comme bon nombre de promeneurs, ce 22 août 2017, Hamida ne changeait pas ses habitudes, le riz était bien apprécié par ses amis volatiles. Il n'ignorait pas qui lui est interdit de donner à manger aux pigeons de ce coin de Parilly:
« Je ne fais de mal à personne Je suis natif du Kef à la frontière entre la Tunisie et l’Algérie, là-bas on les élève pour les manger. Ici ce sont mes compagnons. Ma famille est là-bas en Tunisie. Ici je suis seul. Je préfère leurs contacts que de m’abrutir tout seul devant ma télévision » nous confiait-il.
Il écoutait sa petite radio, lisait des journaux, écrivait à sa famille et échangeait en silence avec la colonie de volatiles qui roucoulait autour de son siège. Il observait sans se lasser les comportements et les habitudes des pigeons et certains étaient presque apprivoisés
Cet ancien ouvrier agricole était arrivé en France en 1969.
« Il n’y avait pas de travail chez-nous. Où voulez-vous que j’aille après avoir été formé par des institutrices françaises du temps du protectorat. Je suis venu vivre à Bron qui ressemble beaucoup par certains côtés à mon village en Tunisie. Ma femme et mes enfants y vivent et moi pas »
Pendant ce temps les pigeons pas farouches engloutissaient goulûment le riz qu’Hamida en claudiquant était allé acheter dans un supermarché non loin de là.
« Ils mangent de tout, pâtes, couscous. Ils mangent toute la journée. Ils sont sales mais ils me tiennent compagnie. Ils m’attendent tous les jours »
Me promenant récemment dans cet écrin de verdure, je suis passé près du banc qu'il occupait. Par contre je n'ai pas revu Hamada ni "ses" pigeons Que sont-ils devenus ?
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