C'est en regardant dimanche la finale de la Coupe du Monde de rugby que m'est venu l'idée d'écrire cet article. Dimanche , en cette journée de l'arbitrage en France, M. Joubert
l'arbitre du match d'Auckland n'a pas fait une jolie publicité à tous ceux qui ont eu un jour envie de dévenir eux-aussi arbitre. L'arbitre sud-africain a été de son plein gré où à son
insu, le premier supporter des "Blacks" pour ce que l'on pourrait appeler l'une des injustice sportive de ce 21e siècle.
Il y a vingt neuf ans, un 8 juillet 1982 un autre arbitre a influé sur le
déroulement d'un match de football d’anthologie, une rencontre de celles dont on se rappellera encore pendantdes générations. Cela aurait pu devenir le « match » du XXe
siècle si la logique avait été respectée et si les arbitres désignés par la FIFA avaient appliqué le règlement.
C’était le « Mundial » espagnol de 1982, le tournoi de toutes les surprises, celui aussi des injustices. Bref un beau « Mundial » dramatique et passionnant.
Un « Mundial » avec une équipe d’Italie bousculé au tout préliminaire par l’étonnant Cameroun de Roger Milla. une équipe d'Italie vainqueur en finale 3 à 1 de l’equipe d’Allemagne
« mouillée » par l’injustice commise au détriment de l’Algérie . Ces derniers vainqueur des Allemands 2 à 1 au tour préliminaire étaient éliminés par la complicité des "amis"
autrichiens. Si les Italiens s’étaient fait pardonner en éliminant au second tour l’Argentine, le Brésil et la Belgique puis en demi finale la Pologne. Les Allemands avaient eu à fort à faire
avec des Français remontés comme des horloges. L’équipe française de Michel Hidaldo allait enchanter les spectateurs du stade Sanchez-Pizjuan à Seville. Dans le quartier du Nervion, on aime le
beau jeu et ce jour de juillet, la France fut grande même très grande. Avec Platini, Giresse, Tigana, Tresor, Rocheteau, Six, la France pouvait voir venir Le scénario andalous. Cette
soirée aurait dû étre taillée sur mesure pour que le « beau » football triomphe du froid réalisme allemand. Il en fut autrement. Avec une Espagne
éliminée prématurément tout comme les artistes brésiliens de Télé Santana, il ne restait plus que la France pour faire vibrer les cœurs andalous . Une
France avec un fort accent espagnol. Tout le monde le sait, les racines d’Hidalgo, Amoros, Giresse ou Soler sont d’origine ibérique. Il n’y avait pas de doute, on allait assister à une rencontre
historique. Elle le fut. Beauté du jeu, drame, émotion, suspense et le sel essentiel du football : des buts vont se succèder.
90 minutes de jeu et un incompréhensible match nul un partout à la fin du temps reglementaire et après une
démonstration de football à la française. Un match nul injuste, un triomphe du beau jeu qu'une barre transversale sur la frappe de Manuel Amoros dans le temps additionnel avait . empêché. Cette
dĂ©monstration au passage Ă©tait ponctuĂ©e par une phase de jeu violente type XXL. Une "big" faute sans sanction pour le gardien allemand Harald Schumacher qui envoya Ă
l’hôpital Patrick Battiston - Ce dernier sur l'action manqua le second but français. Un incident qui fait encore froid dans le dos 29 ans après. Une sortie
volontaire d'Harald et la tête de Battiston est percutée violemment par la hanche de l’Allemand. Aucun coup de sifflet, aucune expulsion, aucun carton, ni faute sifflée. Tout le
monde avait vu dans le stade sauf l’arbitre hollandais Charles Corver et ses assistants. Aveugles, blinds, ciegos.... S'ensuivra pendant qu'on soigne le Français sur la pélouse des images
hallucinantes. Schumacher complétement dans sa bulle dans un coin de ses cages
s’amusant avec un ballon . Battiston sans connaissance. Affolement autour du futur Bordelais, évacué sur une civière tandis que
son grand copain Michel Platini lui prend la main jusqu'à la sortie du terrain. « Patrick avait brusquement l'allure d'un type sur le point de nous
quitter. Un type qui va mourir », se souvient Alain Giresse. MAis le football est ainsi que "the show
must go on". La prolongation sera riche en buts, deux de chaque côté . La France avait pris les devants par une volée spectaculaire de Trésor, puis
un but et quel but de la tête de Giresse. A 3 à 1, la France de 1984 ou 86 aurait fermé la maison. Mais le palmarès était vierge depuis 1958, et cette équipe, l’une des plus belles que la France
ait jamais eu, aimait jouer. Elle ne ferma pas le jeu. Rummenigge pourtant blessé entra en jeu et réduisit le score Quelques minutes après Fischer accomplit le miracle. La
séance de tirs au bits fut aussi dramatique. Giresse, 0-1. Kaltz 1-1. Amoros, 1-2. Breitner, 2-2. Rocheteau, 2-3. Puis Stielike manqua le sien 2-3. Didier
Six s’avance. C’est sûr, il va marquer et consacrer cette équipe. Schumacher, réapparaît alors. Oh terrible injustice, le gardien allemand virtuel carton rouge va arrêter le
tir de Didier. Littbarski, égalise à 3-3. Platini futur ballon d’or marque le sien. Rummenigge aussi. L’ultime tireur français s’appelle Bossis. Ce dernier manque le
cadre. A peine écoute-t-il le chaud public sévillan complétement abasourdi par une telle injustice de football. Le
panzer
Hrubesch, qui n’a marqué qu’un seul but dans ce championnat, un Hrubesch pataud fusille Ettori et enterre la France entière et les amoureux du beau football
avec.
Michel Platini devenu ultra-célèbre à travers le monde dira : "Aucun film au monde, aucune pièce ne saurait transmettre autant de courants contradictoires, autant d'émotions que la demi-finale perdue de Séville... "
Une équipe de France qui s’illustrera quelques années plus tard. La leçon sevillane avait été retenue
Photos et Vidéo : Tous droits réservés
Explication par le texte
Schumacher était sorti pour éviter que Battiston marque. Au lieu de tenter de dégager le ballon, le gardien allemand ne s’occupa que du Français lui causant une forte commotion cérébrale avec une fracture d’une vertèbre et lui cassant deux dents La faute fût si violente que le service medical fût oblige de prendre les plus grandes précautions pour faire évacuer Patrick.
« J’ai pensé avoir le ballon, mais Battiston est arrivé une seconde avant. J’ai sauté avec les genoux devant sans savoir où était le ballon, mais mon corps a vrillé et c’est avec la hanche que je percutais la tête de Patrick. 25 ans aprèsj’aurais fait de même. L’unique chose que j’aurais fait autrement cela aurait été d’aller voir Patrick qui était allongé sur la pelouse inconscient. Je suis retourné vers mon but et j’ai joué avec un ballon car j’avais peur des conséquences. » dira Schumacher lors d’une émission de télévision retraçant ce match un quart de siècle plus tard. «J’ai été considéré comme l’ennemi public n°1. J’ai reçu des menaces de mort. J’ai du embaucher des gardes du corps. Certains ont été jusqu’à menacer de séquestrer mes enfants.» ajoute le gardien allemand
Battiston pardonna Ă Schumacher.
Patrick qui ne se rappelle qui de ce qui précéda l’action. « Michel Platini m’avait délivré une passe dont il avait le secret. Le terrain de jeu se reduisit en un grand couloir menant au but. C’était comme les Champs Elysées en août à cinq heures du matin. J’ai vu surgir une ombre et après ce fut le trou noir. »
Sur le coup, l'arbitre néerlandais Charles Korver ne sanctionne d'aucune faute l'agression de Battiston par Schumacher. Il signale une remise
en jeu en faveur des Allemands. Bronca du public sévillan. Vingt-cinq ans plus tard, Korver reconnaîtra son erreur dans un reportage diffusé par la télévision néerlandaise : « Quelques jours
après la rencontre, j'ai visionné des images prises derrière le but allemand. Si j'avais la possibilité de rejuger cette action ? Je donnerais un carton rouge à Schumacher. Mais sur le moment,
j'étais sûr d'avoir pris la bonne »
La nuit sévillane consommée, la crispation et les ressentiments seront nt si forts que François Mitterrand et Helmut Kohl sont contraints de signer un communiqué commun visant à dissiper le
malaise ambiant.
Anecdote :
Hospitalisé dès sa sortie du terrain, Patrick Battiston avait cédé au médecin de garde sa tenue (short et maillot) de défenseur sacrifié. Plus tard, le médecin andalou fit lui-même don de cette panoplie au FC Séville, qui ne tarda pas ensuite à la léguer au président de l'UEFA, Michel Platini. Platini l'a remise l'année dernière à son grand copain Battiston. Un trésor de guerre qui appartient désormais au fils du défenseur tricolore, dont le nom suffit à réveiller nostalgie et révolte.
Commenter cet article
Jeff 30/10/2011 12:38