Partager l'article ! Le rêve inachevé de Lise: Lise Wagner a 32 ans. Non voyante, c’est une adhérente assidue de l’association vénissiane GTA Handic’Alpes q ...
Lise Wagner a 32 ans. Non voyante, c’est une adhérente assidue de l’association vénissiane GTA Handic’Alpes qui a pour
objectif de permettre la pratique de la randonnée pédestre en montagne, avec des personnes déficientes visuelles.
Le rêve de Lise était de parcourir la Cordillère Bolivienne et d’atteindre le sommet de l’Huyna Potosi, un sommet se situant à 6088 mètres. "Pour moi, c'était un rêve, mais plus que cela, c'est aussi une expérience qui peut donner envie aux personnes handicapées voulant
faire de grandes choses (...) La Bolivie est un pays qui me plaît depuis longtemps," confie-t-elle.
Au cours de ce mois de septembre accompagné de Philippe Gaudiez le président de GTA Handic’Alpes et des cinq
autres personnes de l’association Handicap Evasion ont tenté de réaliser le rêve de Lise.
Après une acclimation de 3 jours , l’expédition pris la route a partir du village Copacabana aux bords du lac Titicaca près de la frontière avec le Pérou jusqu’à Huayna
Potosi situé à 25km de La Paz.
Lise confie que l’un des guides affectés à l’expédition a pris peur quand il a réalisé qu’elle était non-voyante. Une appréhension vite oublié, Il est vrai que Lise n’est pas à
son premier sommet atteint . L’ascension de l’Huyna Potosi commença de nuit.. Lise était bien résolue à arriver au sommet malgré quelques soucis de santé. « Je suis
arrivée à 5300 mètres, mais je me suis senti si mal que j’ai du redescendre au refuge » affirme Lise a qui il restait 700 mètres à faire pour atteindre le sommet.
Son exploit a été mis en exergue par la presse bolivienne. Des journaux comme La Prensa, El Dia en ont parlé. L’un des vétérans de l’alpinisme andin a souligné l’exploit de la Lyonnaise.
« Ce fut une belle aventure. Notre seule difficulté a été l’annulation de notre voyage retour en France. Cela s’est terminé dans un cinq étoiles aux frais de la compagnie aérienne. Passer de
l’éclairage à la bougie pendant deux semaines au luxe, cela a été un choc pour tous» confie Philippe Gaudiez à son retour à Vénissieux
Rencontre avec Lise Wagner :
Qu'est-ce qui a motivé votre tentative de grimper en haut de l'Huayna Potosi ?
« En fait, mon objectif initial, en choisissant la Bolivie, était de partir à la découverte de ce pays qui me fascine depuis des années par sa culture et ses traditions. Le trek m'a semblé être un bon moyen d'y parvenir. Quand à l'ascension du Huayna Potosi, elle était proposée en option, et c'est alors que s'est réveillé mon goût du défi. Je me suis alors fixé comme objectif de dépasser les 6000 mètres ! »
Qu'est-ce qui vous a arrêté à 700 m du but ?
« Le mal des montagnes sans doute. Au départ du refuge, j'ai été prise de vomissements et vidée de toutes mes forces. J'étais malgré tout déterminée à monter et notre guide m'y a fortement encouragée. Cependant, à 5300 m, j'ai dû renoncer.»
Quels souvenirs gardez-vous de votre séjour en Bolivie en Bolivie ?
« J'ai été très touchée par la chaleur de l'accueil. Comme dans chacun de mes voyages passés, j'ai aimé partager le mode de vie des habitants. J'ai également découvert par le biais de mes accompagnateurs des paysages inédits. Je remercie vivement l'agence Terra Andina et notre guide de haute montagne Jaime Quispe, pour n'avoir mis aucun obstacle à ma participation à ce trek en raison de mon handicap. C'était une première pour eux et je suis très reconnaissante de la confiance qu'ils m'ont accordée. »
Est-ce que cette tentative ne vous ouvrent-elles les portes pour d'autres grimpées du même style voire plus difficile?
« Si l'occasion se présente, je retenterai l'aventure ! Mais ceci ne se fera pas sans une bonne préparation. Et nous avons tout ce qu'il faut en France. »
Avez-vous d'autres objectifs en montagne à atteindre ?
« Il y a tant de sommets dans le monde que j'aurai des objectifs jusqu'à la fin de mes jours. Chaque nouvelle course est pour moi un nouveau défi. »
N'est-ce pas difficile d’être non-voyante dans la société dans laquelle on vit ?
« Mon handicap, je me lève avec le matin, je me couche avec le soir, et il m'accompagne tout au long de la journée. Tout est compliqué : la vie quotidienne, les déplacements, l'accès à l'emploi, l'accès aux loisirs, le rapport avec les gens, les préjugés... Malgré tout, je mène une vie riche et parfaitement heureuse. Je milite pour qu'il puisse en être de même pour toutes les personnes non-voyantes. Dans le domaine de l'accessibilité, notamment, il reste beaucoup à faire. L'urbanisme moderne, les grandes places, les zones de circulation partagée engendrent pour nous une perte totale de repères. La prise en compte de nos besoins est encore beaucoup trop rare et il devient souvent très dangereux de circuler seul. J'en veux pour preuve la mésaventure d'une amie malvoyante qui s'est étalée de tout son long dans le bassin de la place de la République il y a 3 jours. Elle s'en tire avec un bon rhume et quelques contractures, mais l'accident aurait pu avoir des conséquences bien plus graves. Depuis la loi du 11 février 2005, il est certain que les mentalités évoluent vis-à-vis du handicap dans la population générale. Cependant, les législateurs semblent chercher tous les moyens de revenir en arrière, encore une fois avec la proposition de loi Doligé qui remet en question l'obligation d'accessibilité des bâtiments neufs. »
Photos : GTA Handic'Alpes et Droits réservés