Ce mercredi, Michèle Picard au nom de la municipalité vénissiane a apposé au 27 de la rue de la République, une plaque commémorative pour le 70ème anniversaire de la rafle des juifs de la région Rhône-Alpes, du 26 août 1942, qui avait été rassemblés dans le camp régional de Vénissieux. Des baraquements situés dans l'Arsenal devenu depuis une zone franche urbaine. En présence de Serge Klasfeld, de représentants de diverses associations qui sont intervenues dans le camp, mais aussi de rescapés et d'enfants de rescapés, des élèves du collège Aragon ont rendu un vibrant hommage à toutes ses victimes de l'ignominie humaine.
En ces temps là , de "chagrin et de pitié " comme relaté par Marcel Ophüls dans le film du même nom, où la
servilité des autorités françaises aux ordres de l'envahisseur était la règle, et où le silence d'une très grande majorité du peuple français était assourdissant, quelques
milliers d'hommes et femmes se sont dressés devant l'inéluctable. Beaucoup d'entre-eux français et étrangers sont restés anonymes. Certains ont péri dans les divers maquis qui ont
couvert le territoire, fusillés au bord d'un chemin au nom de l'Etat français, d'autres, une fois la libération venue, ont retrouvé leur vie antérieure. anonymes, ils étaient, anonymes, ils
le sont restés.
Pour ces résistants pour qui les mots liberté, égalité, fraternité avaient une valeur, il existe un
devoir de mémoire que chacun a droit d'exercer ne serait-ce pour ne pas oublier et pour que cela ne se reproduise plus.
Comme le relate Pierre Stolze dans son ouvrage : " Georges, Simone et Salomon, histoire d'un réseau" aux éditions Lucien Souny, Georges Garel faisait partie de cette "armée de l'ombre." Pierre Stolze évoque le fait que le réseau que dirigeait Georges Garel ait sauvé 5000 enfants juifs entre 1942 et 44. Il raconte aussi comment Salomon Jassy, rescapé de l’extermination grâce à ces hommes et femmes, a retrouvé Simone (sa mère) avant de la faire nommer Juste devant les Nations à l’âge de 90 ans.
Qui était Georges Garel?
Il y a 70 ans se sont déroulées les grandes rafles organisées par l'Etat français de Vichy.
Le 26 août 1942, de nombreux français de confession juive furent internés dans un camp régional implanté rue de la République à Vénissieux. Une action de résistance permettra à des associations
de secours d'arriver à extraire et sauver 108 enfants d’une mort certaine.
L’action clandestine de l’Organisation de Secours aux Enfants (OSE) consacrée au sauvetage des enfants de la zone sud a été incarnée par le circuit Garel.
De son vrai nom Grigori Garfinkel dit "Gasquet", est né le 1er mars 1909 à Vilnius. Ce lituanien est décédé en 1979.
En 1942, il se trouve à Lyon et travaille en tant qu’ingénieur électricien pour la Compagnie électro-mécanique (CEM).
Dans une pension où il prend ses repas, il rencontre l’Abbé Glasberg, Nina Gourfinkel, Raymond Winter, tous engagés dans des actions clandestines.
L'Abbé Glasberg représentant de l'Amité Chrétienne et Charles Lederman représentant de l’O.S.E. en zone sud l’introduisent dans le fort de Vénissieux transformé en camp pour y regrouper les 1 200
Juifs étrangers arrêtés le 26 août 1942 et destinés à être déportés.
Georges Garel est chargé de faire sortir les enfants de moins de 16 ans qu’il est encore possible de
libérer.
Ce travail (criblage) consiste surtout à arracher des enfants aux mères qui refusent de les leur confier. Sur le site internet " Anonymes, justes et persécutés durant la période nazie", Georges Garel décrit ainsi le climat à l’intérieur du camp de Vénissieux. " J’avais conscience du fait que le
sort de ces gens serait vite réglé. Mais nous ne pouvions pas dire brutalement : vous, vous êtes condamnés à mort, permettez au moins à vos enfants de survivre. Cependant, avec la panne
d’électricité, nous nous sommes trouvés dans l’impossibilité de repérer les baraques où restaient encore les enfants, les familles auxquelles il aurait fallu parler de nouveau. En plus, notre
tâche était rendue difficile par le fait que constamment on venait nous interrompre (...) Voyant le temps qui passait, nous sommes devenus plus autoritaires Quelques familles se sont exécutées..
Lorsqu’une mère se cramponnait à son enfant, il fallait le lui arracher d’une manière aussi civilisée que possible... "
Il faut encore, pour multiplier les sauvetages, falsifier des papiers.
Au matin, 108 enfants ont pu être réunis pour être libérés provisoirement du Fort de Vénissieux. Les enfants sont provisoirement à l’abri, mais le préfet de Lyon, Angeli, obéissant aux
instruction de Vichy souhaite les reprendre. Avec l’aide de l’Abbé Glasberg de l’Amitié Chrétienne, du révérend père Chaillet, de Monseigneur Gerlier et de Georges Garel, les enfants seront
placés pendant quelque temps par l’O.S.E. avant d’être cachés.
La plupart ne furent pas repris et échappèrent aux camps de la mort.
De cette nuit au fort de Vénissieux date l’engagement de Georges Garel dans l’action clandestine au
service de la préservation des enfants traqués.
Sources :
*Pierre Stolze pour son livre "Georges, Simone et Salomon : histoire d'un réseau de résistance" - editions Lucien Souny
**Site internet : Anonymes, justes et persécutés durant la période nazie - http://www.ajpn.org/
Commenter cet article
Pascal Toublanc 04/09/2012 14:28
Sports Vénissians 04/09/2012 15:21