5 Novembre 2009
(Photos: Sports Vénissians, Pascal Cognard et FFPML)
A Sports Vénissians nous parlons de toutes les disciplines sportives, les
médiatisées, celles qui le sont moins. Chez-nous c'est même un principe.
Cette fois-ci c'est au tour de la pêche à la mouche. Une discipline qui peut-être à la fois une activité de pleine nature, un loisir et un sport qui consiste à leurrer un poisson avec
un appât nommé mouche de pêche.
La France est l'une des nations où cette discipline se pratique à trés haut-niveau.
Pascal Cognard , contrôleur depuis 28 ans au service environnement de la municipalité
vénissiane est capitaine de l’équipe de France de pêche à la mouche qui est devenue fin septembre championne d’Europe.
Pour ce résident de Saint Jean, de Niost tout près de ce qui appelle « la rivière d’Ain, la pêche
à la mouche est une passion 24h sur 24h .
Il nous explique tout ce que vous voulez savoir, sans avoir osé le demander sur cette discipline sportive 100% écologique
La pêche à la mouche qu’est-ce ?
« C’est la pêche la plus sophistiquée, la plus compliquée et la plus aboutie et peut-être aussi la plus écologique.
C’est une pêche pour laquelle, il faut beaucoup de sens d’observation et beaucoup de connaissances du milieu environnant. Notamment ce qui vit dans la rivière tout comme les insectes aquatiques qui la fréquente. Ceux dont les poissons se nourrissent.
Le principe de la pêche à la mouche c’est de s’inspirer de ses insectes réels pour construire des mouches artificielles qui sont fabriquées avec des plumes, des poils des fils, des petits matériaux spéciaux. Le but du jeu est de déterminer l’insecte présent au moment et sur le lieu où on se trouve et avoir au préalable construit une imitation de cet insecte.
Ensuite la mouche artificielle va être accrochée au bout du fil.
Le geste traditionnel de cette pêche est celui du fouet. La mouche est propulsée par une ligne qu’on appelle une soie et par le mouvement du bras et du poignet. Cette mouche on va essayer
de la déposer sur la surface de l’eau de manière naturelle, afin que le poisson confonde la fausse mouche avec une vraie. Si tout fonctionne bien, le poisson va saisir la fausse
mouche.
Ce dernier va se rendre compte immédiatement que ce n’est pas une
vraie. Dans la seconde qui suit, il va la rejeter. Le pêcheur dans ce laps de temps très court, doit le ferrer et généralement , il se trouve piqué à 99% du temps très au bord de la mâchoire.
Pour aller plus loin, on utilise des hameçons qui n’ont pas d’ardillons (le petit retour métallique qui empêche le poisson de se décrocher) pour qu’ensuite, on puisse décrocher le poisson
facilement et relâcher la proie. »
Vous ne faites jamais de prises ?
« Moi personnellement, je ne garde jamais les poissons que j’attrape.
C’est de la pêche 100% « no-kill ». Nous avons une empreinte zéro sur le prélèvement. C’est la marque des pêcheurs sportifs. Les
poissons sont nos partenaires de sport.
Compte tenu de tout ce qui faut mettre en œuvre, des connaissances, de l’adresse, avoir préparer au préalable sa partie de pêche, avoir fabriqué les mouches, la satisfaction ne se
mesure pas au poids du panier ramené. En plus c’est très satisfaisant et valorisant de pouvoir remettre le poisson à l’eau. »
Est-ce une discipline sportive ou plutôt discipline de loisir ?
« Nous avons du mal à faire reconnaître du public que cela peut-être un sport. C’est un peu comme la pétanque. Celle-ci est un loisir
mais vous avez des personnes qui font de la compétition. Ils s’entraînent tous les jours. Ils ont une Fédération qui est inscrite au Ministère Jeunesse et sports. Nous à la pêche à la mouche,
nous avons cette division, loisir sport.
Notre fédération dépend aussi du ministère « Jeunesse et sports » mais nous avons un agrément sport et un agrément environnement.
Les pêcheurs à la mouche sont obligés de s’investir dans l’environnement de comprendre ce qui se passe. Ce sont des écologistes. Notre fédération française a un agrément environnement et peut
engager des actions par ses clubs, dans les régions, pour se battre contre une pollution, pour protéger l’eau et le milieu environnant. Pour se
battre contre les ennemis des poissons qui ne sont pas que des hommes, On se bat beaucoup contre les cormorans qui dépeuplent toutes les rivières. On se bat aussi autant que possible contre
EDF , qui met des barrages de partout et qui par exemple cet été a laissé mourir des poissons dans l’Ain pour que les gens puissent se baigner. C’est souvent une bataille du pot de terre
contre le pot de fer »
Il y a combien de licenciés à la fédération ?
« 2500 licenciés dans toute la France. La répartition est inégale. On en trouve surtout sur la façade Est et
Sud voire un peu Sud Ouest.»
Quels poissons pêchez-vous
« Notre discipline s’adresse en priorité aux poissions dits « nobles » comme la truite sauvage, l’ombre commun et le saumon. En France, ce dernier poisson est plutôt rare. »
Quelles sont les compétitions que vous faites ?
« En France, il y a 3 divisions. Deux disciplines : pêche en lac et pêche en rivière. Les deux filières sont gérées de la même
manière. La 1ère division est l’élite. La 3e division est redistribuée au niveau régional. C’est un championnat avec des classements ,avec montées et relégations. Au niveau
national, sur les deux filières cela représente 6 compétitions à l’année. Nos compétitions se déroulent sur deux journées. C’est assez lourd à gérer
car les déplacements sont lointains. »
Votre discipline est-elle sponsorisée ?
« Non ! D'ailleurs toute aide est la bienvenue. Certains pêcheurs arrivent à trouver des petites aides locales. Nos déplacements sont réglés à titre individuel. IL faut aussi
savoir que chaque pêcheur doit se présenter à n’importe quelle compétition accompagné d’un commissaire. Ce dernier va contrôler un autre pêcheur par tirage au sort. C’est donc lourd
financièrement. »
Lors de la compétition, comment s’établit le classement ?
« En première division, il y a 42 pêcheurs. Ces derniers vont être divisés en deux ou trois groupes et sur deux ou trois secteurs de rivières. A chaque manche, ils vont se confrontés
pendant trois heures, on compte les prises . Celles-ci sont mesurées. C’est la taille qui est primordiale. C’est celui qui aura attrapé le plus grand nombre et la plus grande taille qui va
être premier. Le samedi après-midi, on change de secteur. Le dimanche idem. On va additionner les places de classement . Celui qui aura le plus petit total a gagné. Nous avons un classement
national comme au tennis. »
Quel est votre palmarès ?
« Je n’ai jamais été champion de France. J’ai été plusieurs fois champion de France du combiné (rivière et lac) mais jamais de deux spécialités. C’est paradoxal car j’ai été plusieurs
fois champion du Monde et d’Europe. Le championnat de France est très dur. Etre sélectionné en équipe de France est très difficile. »
Combien vous êtes en équipe de France
« Les dix premiers des classement nationaux sont convoqués pour leur faire subir des épreuves supplémentaires pour former une équipe de France dont une qui va aller au championnat
d’Europe et une autre au Mondial. Une équipe c’est huit personnes dont un capitaine et un manager. Le capitaine est élu par Fédération. Le manager est choisi par le capitaine. Dans les six autres
membres, il y a cinq titulaires et un remplaçant. Les épreuves de sélection sont en rapport avec les championnats du monde et d’Europe de la saison à venir. Les différences de situation dans
notre discipline sont nombreuses. On peut pêcher en lac, en rivière, des truites, des ombres, on peut pêcher depuis un bateau, ou du bord. Il y a un éventail de techniques et de situations qui
fait qu’on peut avoir certaines qualités sur certains pêcheurs que l’on ne retrouve pas chez d‘autres.»
Pourquoi il y a-t-il une équipe « Europe et une autre «Mondial » ?
« C’est du fait de la politique fédérale qui veut voir à long terme. Le choix féderal est de dire : on forme une équipe mondiale avec
les meilleurs pêcheurs français et ensuite l’équipe B, elle va aux championnats d’Europe. Du fait de ce choix, cela faisait des années qu’on n’arrivait pas à gagner les championnats
d’Europe. »
Parlez-nous des récents championnats d’Europe ?
« C’était le 26 septembre. Cette année, c’était l’exception. La fédération avait senti venir les petits soucis
avec le Ministère qui menaçait de couper toutes les subventions pour les championnats d’Europe.(subventions qui ont été coupés quand même !). Donc elle a décidé de mettre le paquet sur
cette compétition. J’en suis le capitaine. On m’a autorisé à avoir les mêmes pêcheurs que l’équipe A pour peu qu’ils soient disponibles. On s’est
retrouvé en Irlande sur des lacs avec une équipe de France de haut-niveau. Avec cette équipe performante, avec des méthodes d'entraînement et un gros travail, s’imposer était presque
une évidence. »
Quels ont été vos principaux adversaires ?
« La République Tchèque sont nos meilleurs adversaires, la Pologne, tout comme les Anglais qui ont été le berceau de la discipline et notamment dans la pêche en lac, les Italiens, les Belges. Ce sont les mêmes nations que l’on retrouve lors des Mondiaux Un championnat du Monde c’est quinze jours de déplacement. Une semaine de repérage et entraînements. Depuis 1996, l’équipe de France A, a toujours été sur le podium du championnat du Monde (sauf en 1998).et sept fois champions du Monde. Entre notre méthode de sélection et nos méthodes de travail sur le terrain, cela fonctionne très bien. Les Tchèques s'inspirent de nous.»
Comment vous est venue cette passion ?
« Elle m’a été transmise par mon père qui était pêcheur traditionnel à Lyon. Il m’a inoculé le virus de la pêche très jeune. La pêche à la mouche a été un aboutissement d’un long parcours. Cette pêche ce n’est pas simplement un plaisir. Ce n’est pas la capture qui fait tout mais toute l’approche, comprendre ce qu’y se passe mais aussi le maniement du matériel. Quand vous voyez cette ligne évoluer dans l’air, rien que lancer c'est un plaisir. A la limite même quand on va pêcher et qu’on n’attrape rien, d’être au bord de l’eau, en observant les poissons ou essayer de les voir. C’est très excitant. Si je devais conseillé à un pêcheur qui veut se mettre à la pêche à la mouche et qui a comme arrière pensée de prendre des poissons pour en manger tous les jours, il a tout faux. C’est une pêche de plaisir.»
Est-ce un sport cher ?
« Notre discipline s’est démocratisée. Le matériel est très abordable. Cela coûte moins cher de
pécher à la mouche que de pêcher la carpe. Un équipement, c’est un pantalon de pêche, un gilet avec plein de poches, un certain nombre de boîtes ou l’on met les mouches, 3 ou 4 bobines de
fils, la canne à pêche, le moulinet, la soie. Pour 500 euros, vous avez un matériel de bonne qualité.»
Vous vous entraînez où ?
« Je pratique dans l’Ain, les rivières de Lozère , le Lot, le Tarn, dans la Gère qui se jette dans le Rhône à Vienne, L’Albarine, affluent de l’Ain à Ambérieu et puis j’allais beaucoup
dans le Jura pour raisons familiales. Pour être un pêcheur à la mouche complet, il faut pratiquer partout, rivières de montagnes de plaine, eaux claires, eaux troubles, qu’il fasse beau ou qu’il
pleuve. Il faut avoir une analyse très rapide du secteur de compétition que l’on vous a donné.»
La passion ne déborde-t-elle pas sur la vie familiale ?
« Complètement quand on est pêcheur à la mouche on ne l’est pas uniquement quand on a sa canne à pêche au bord de l’eau. On est pêcheur à
la mouche dans l’âme et c’est une philosophie de vie. Je suis pêcheur 24h sur 24h. »
Le palmarès de Pascal
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