5 Avril 2021
Le long bâtiment est désagrégé. Des monceaux de béton, gisent ici et là dans le périmètre de sécurité. La barre d’habitations ICF où l y a quelques années des familles vivaient n’est plus que gravats et poussières.
Je me rappelle de ce lieu dans les années 1970, celles de mon adolescence, elle m’imposait.
De la haut, la vue était splendide tout comme l’appartement occupé par la famille d’un copain de lycée et d’IUT.
Je ne sais pas combien d’enfants ont fait leurs premiers pas dans cette fourmilière humaine?
Combien de vies ont-ils étaient vécues ? Combien il y a-t-il eu de passages de vie à trépas?
Voilà des statistiques que les médias ne publient jamais! L’époque est au spectaculaire et non pas aux sentiments.
Je me rappelle de son ombre estivale qui soulageait mes pas lorsque venant du centre-ville, je montais cette rue à la pente ardue. J'enviais mon copain car rue Léo Lagrange, là où mes parents demeuraient, la muraille de béton cachait un partie de l'horizon.
De cette imposante barre, certaines familles sont parties vers une ailleurs, forcement pour elles meilleur et plus vert. D’autres les ont remplacées sans le vouloir. Parfois la misère conduit vos pas tant bien que mal vers son lot de vicissitudes.
Vivre dans ce totem dressé à l’entrée des Minguettes n’a jamais été facile. La barre imposante a vécu bien des aventures, beaucoup solidaires, amicales, sociales certaines parfois tragiques ou sordides.
Elle gît désormais là , désagrégée emportant avec elle son lot de souvenirs.
Un autre quartier va renaître et d'autres habitants vont y vivre, avec d’autres emportements , d’autres passions, d’autres histoires d’amour, d’autres rêves...
De l’immense bâtiment, désormais, il ne reste que des gravats qui seront évacués, des photos forcément obsolètes, des vieilles cartes postales et de nombreux souvenirs dont celui que je garde : le fastueux panorama sur les Alpes et le Mont-Blanc les jours de beau temps.
Ici le long de la rue Gaston Monmousseau git désormais un pan de l’histoire de ma vie !